Bonjour
Je voudrais apporter mon témoignage aux futures mamans qui hésitent, ou sont sceptiques quant aux bienfaits de l’haptonomie au cours de la grossesse.
Une collègue m’avait parlé au début de ma grossesse de l’haptonomie comme étant une préparation à l’accouchement, et elle en avait été ravie. Bon, comme elle a aussi fait du chant prénatal, on pouvait penser qu’elle était « bohème », un peu détachée des considérations matérielles ou ce genre de chose.
Lors de l’inscription à la maternité (où je me suis rendue avec le futur papa qui est très présent tout au long de la grossesse), on nous a informé de la possibilité de suivre une préparation à l’accouchement à la maternité, mais alors pas pendant l’été. Comme je dois accoucher en septembre, il ne me semblait pas vraiment pertinent de suivre les séance en Juin ! J’ai donc assuré que je suivrai une préparation chez une sage-femme libérale. La sage-femme de la maternité m’a donné une liste, mais lorsque nous lui avons dit que nous aimerions faire de l’haptonomie, elle a froncé les sourcils, comme si elle pensait que c’était une mauvaise idée.
Tant pis pour elle et ses idées, nous allons tout de même contacter Kheira Belkhiati à Sartrouville, qui exerce à 10 minutes de voiture de chez nous.
Le premier rendez-vous est une prise de contact
elle nous informe que la séance coûte 65 euros non remboursés (gloups), et qu’il y en aura environ 8 (re-gloups => 520 euros! ). Elle me demandera de me mettre en sous-vêtements (culotte et soutien gorge), et à mon mari de parfois retirer sa chemise pour le peau à peau. Elle nous indique aussi que les premières séances vont permettre à chacun d’entre nous de décider si c’est un mode de fonctionnement qui nous convient, et si la relation est harmonieuse, de confiance et nous permet de continuer ensemble.
Au second rendez-vous (première séance)
je suis enceinte de 4 mois et demi. Après une courte discussion, je suis en sous vêtements, et je dois « trouver mon centre ». Ayant pratiqué les Pilates, j’ai une petite expérience du ressenti de ce « centre », mais ce bidon tout neuf perturbe mes repères. C’est difficile, Kheira me fait poser les mains en soutien de mon ventre et me fait marcher de long en large dans le cabinet. Je me concentre, visiblement ce n’est pas ce qu’elle attend. Je suis trop dans la « réflexion » et pas assez dans le « ressenti ». A la fin de la séance, elle pratique sur moi un exercice qui permet de détendre mon dos, cela me fait du bien. Elle fait pratiquer mon mari, un peu moins à l’aise qu’elle mais nous nous entrainerons à la maison… Je sors fatiguée de la séance, après tous ces efforts pour correspondre aux attentes de la sage-femme.
Troisième rendez-vous, séance n°2.
Les exercices portent plus sur l’implication du papa, qui doit me manipuler pour me faire me sentir bien. Autant il est difficile de se détendre entre les mains de la sage-femme, autant il est aisé de me laisser aller entre les bras de mon mari. Après la séance, il me dit qu’il comprend que je trouve ça difficile, nous sommes fatigués tous les deux, et partons avec l’impression de faire beaucoup d’efforts pour peu de résultats.
Quatrième rendez-vous, séance n°3.
Nous commençons par une discussion. J’exprime mon souhait que le papa vienne plus spontanément vers notre bébé, vers mon ventre, et qu’il cherche à entrer en contact plutôt que de répondre uniquement à mes sollicitations. Cela entraine un débat entre mon mari et la sage-femme, qui me met mal à l’aise. Le sujet porte sur l’attention à donner aux émotions de l’enfant, pendant et après la grossesse. Le problème est que les deux interlocuteurs n’ont pas le même mode de communication, l’une basée sur le champ lexical des émotions et l’autre sur la réflexion et le cérébral. Kheira coupe court car elle me voit mise à l’écart, et nous allons pratiquer un exercice de massage sur mes jambes. Une douce torpeur m’envahit, c’est un massage que mon mari pratique déjà sur moi depuis plusieurs semaines pour le permettre de m’endormir (les jambes lourdes sont malheureusement l’apanage de nombreuses grossesses).
Nous quittons le cabinet frustrés, et avec l’idée d’arrêter les séances.
Cinquième rendez-vous, séance n°4.
Nous arrivons avec un à priori négatif et l’envie d’arrêter. J’ai contacté une autre sage-femme de Sartrouville pour laisser tomber l’haptonomie, ce n’est peut être pas un mode qui me convient.
Mais en début de séance, Kehira nous propose de reparler de la séance précédente. Et par la discussion, nous dénouons les fils qui s’étaient noués, les tensions s’apaisent, nous sommes maintenant souriants et à l’écoute.
Les exercices nous permettent de faire bouger bébé dans mon ventre, pour déplacer ce petit être qui vient parfois se loger sous mes côtes ou peser sur ma vessie. Le papa vient poser ses mains en bas de mon ventre, tandis que je pose les miennes sur le dessus, et invite bébé à descendre voir son père. C’est une petite surprise de le sentir descendre, puis remonter lorsqu’il l’y enjoint.
Et enfin, pour détendre mon sacrum douloureux, la sage femme pose sa main dans le bas de mon dos et tire doucement vers le bas, pour positionner de manière plus confortable mon dos. Je me sens bien.
Cette quatrième séance a été celle du déclic.
Notre enfant a régi de manière claire à nos sollicitations, nous avons pu apaiser nos doutes, et la prise des rendez-vous pour les trois séances de préparation à l’accouchement à proprement parler ont permis de nous rassurer et de débloquer la situation.
Nous sommes maintenant sûrs de vouloir continuer l’haptonomie, qui nous a apporté de la réflexion au sein de notre couple, des échanges et de l’écoute aux désirs et aux besoin de l’un et de l’autre.
Pour nous qui étions centrés sur la réflexion, cette pratique nous a permis de porter plus d’attention à nos sensations et nous a ouvert des horizons. Les changements seront certes minimes et peut être longs à venir, mais c’est cette petite impulsion qui nous lance sur une nouvelle voie et qui nous réjouit.
Bébé arrivera fin septembre, et nous allons nous revoir pour la préparation à l’accouchement et le cours sur l’allaitement en août.
Je suis heureuse d’avoir fait ce choix et de n’avoir pas renoncé lorsque c’était difficile. J’espère que mon témoignage pourra vous être utile (la description des exercices apporte un peu de concret), et vous permettra de choisir également. Si parfois cela s’avère difficile, mon conseil est de ne pas renoncer tout de suite, d’en parler avec la sage-femme qui vous suit et de comprendre quels sont vos freins pour évaluer s’ils sont surmontables ou non, et éventuellement envisager un changement de méthode.
Je vous souhaite une bonne grossesse, hapto ou non. 🙂
Merci beaucoup pour ce témoignage Lucyl, il est très enrichissant et je pense qu’il apportera beaucoup de réponses à tous les couples qui se posent des questions sur l’haptonomie.
Avec un peu de recule, je me rends compte que nous aussi nous avons été sceptique lorsque nous avons du changer notre mode de réflexion. Et plusieurs années après, cette expérience nous a permis d’évoluer et d’être plus à l’écoute de notre corps.